Olivier Bourdeaut, En attendant Bojangles

Maman était au salon, elle dansait avec Papa sur « Mr. Bojangles » dans une réelle cadence hypnotique. Langoureux, vivants, réels, je les voyais s’envoûter au rythme de la musique, comme les parfums qui viennent me hanter lorsque Maman me câline. Avec eux, je croyais au réel, non pas comme un simulacre d’un présent idéalisé, mais le vrai réel, celui qui laisse des traces sur la peau, celui qui noie le cœur dans un torrent d’émotions.

On vivait dans la folie de Maman, flottant dans les vagues de ses réalités. De ses mains naissait l’amour, de son corps la vie ; parfois irréelle, elle était comme un instant que l’on a peur de perdre en fermant les yeux.

Papa le savait et il lui importait de toujours rester dans cette réalité. Mademoiselle Superfétatoire, notre oiseau de Guinée, n’était pas non plus un songe que l’on oublie au petit matin : elle était la réelle houle qui se déposait sur les plages de nos existences.

« Mr. Bojangles » représentait le R.E.E.L : le risque existentiel et enchanté de l’amour. Il dansait, il sautait, Maman disait qu’il était réel, il était d’ailleurs né à la Nouvelle-Orléans. Sa musique était notre quotidien, même quand Maman était partie faire un tour dans la réalité dehors, dans l’étage en dessous de celui des décapités mentaux.

C’était un choc pour notre famille, nous nous étions toujours tenus à distance lorsque le réel frappait à la porte d’entrée. Maman ne pouvait rester là-bas, dans la clinique des fous mentaux : nous devions trouver une solution pour que sa réalité redevienne la nôtre…

En attendant Bojangles exalte la part de tendresse et de poésie de notre réalité. Près des yeux, près du cœur, la mère est une tornade de vie inextinguible, qui emporte les émotions sur son passage, comme une ode défendant la nécessité de vivre. La mère vit à en crever, le père vit à en crever, leur amour est d’une profonde réalité.

Dès lors, pour plonger dans un réel état de grâce, la recette est toute simple : lire En attendant Bojangles, et chemin faisant, prendre des arrêts direction Nina Simone, direction ce que l’humanité a fait de plus beau, la plénitude existentielle. Que reste-il de notre réalité après avoir consommé ce que l’humanité à fait de mieux ? L’envie de poursuivre la fête, la poésie et l’amour réel et fou..

Olivier Bourdeaut signe un livre merveilleux, doux mais tranchant, hypnotique mais réel. Sa lecture laisse au lecteur une multitude de sentiments, des rires aux pleurs, et l’aventure de Bojangles marque les esprits en imprégnant les réalités. L’Ordure souhaite terminer ce réel avis par : « Caïpirowska ! Caïpirowska »

Reviens dans cette danse
Long amour de Bojangles
Survivre au réel

Note : 9 sur 10.

Contraintes d’écriture : Le mot « Réel » doit apparaître dans chaque phrase, il peut être sous une forme différente ; Haïku en R-L-S ; 1h

1 réflexion sur « Olivier Bourdeaut, En attendant Bojangles »

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