Alain Flageul, Pourquoi suis-je plutôt que de n’être pas ?

Mercredi 21 juillet 2021


Je me lève plein d’angoisses, avec cette même question qui me trotte dans la tête : pourquoi suis-je plutôt que de n’être pas ? Pourquoi fallait-il que mon je, ma propre conscience, choisisse de se loger dans les chairs que le miroir me renvoie ? Dans ces chairs meurtries, pâles et fatiguées, dans ces chairs flasques, issues d’un long processus de sélection naturelle ?

Je décide de partir en quête d’une réponse à ma crise substantielle. Dans cette entropie — définie “comme le degré de désordre d’un système, mesuré par le nombre de configurations possibles de ses constituants (plus ce chiffre est élevé, plus le désordre est grand)” — comment mon je est-il né ? Car s’interroger sur soi, c’est repartir à la naissance de l’univers et des planètes, des atomes et des êtres. 

Il me faut sonder les principes qui constituent ma conscience personnelle. De fruit de l’évolution, je m’imagine être plus vaste que ça, un dieu parmi les dieux, car j’ai le mérite d’exister. Ou bien ne suis-je que le résultat d’une autocréation, “sur le germe foetal d’un génome hérité” de mes parents, une construction originale d’une conscience unique, comme tout le monde.

J’imagine souvent ma conscience vagabonder entre les corps, voltiger d’un à un comme un acrobate de cirque. Ce matin encore, je me suis senti différent. La réponse que je cherche ne serait-elle pas là, au creux de mes mains ? Que suis-je en tant que conscience, si ce n’est qu’une mobilité entre les corps ? Je me vois grand, petit, chauve, chevelu. Mes chairs sont meurtries, mais ne sont finalement que le reflet de ma conscience, car je donne à mon corps son image. Mon corps et ma conscience s’alignent, dans une structure aux multiples ramifications…

Note : 7 sur 10.

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