Bruit. Le réveil plonge Antoine Verney dans un drôle de rêve : le sang sur les murs et sur les vêtements lui semblent tout droit venir d’une catastrophe. Dehors, le bruit se répand, les pas lourds et lents, les cris. Antoine se penche par la fenêtre, pour regarder la rue : la masse difforme des crânes et des lambeaux de tissus flotte, lentement. Les médias s’affolent, encore quelques instants. Antoine augmente le son. Bruit.
Nuit. La journée est finie. Doit-il craindre un éternellement recommencement ? Quel mot doit-il employer pour parler des nouveaux habitants des rues ? Les monstres ? Les zombies ? Les revenants ? Antoine est resté chez lui, barricadé derrière ses murs. Est-il le dernier survivant de l’espèce humaine ? Il se repenche à la fenêtre, observant ces êtres qui déambulent sans cesse, à la recherche d’une chair fraîche. Nuit.
Mur. Le bruit revient. Les zombies cognent aux murs, sentant la chair d’Antoine. Il les tient à distance, cette masse indénombrable et infinie. La dernière radio a cessé d’émettre. Il est seul au milieu de la mer. Et une vague déchiquetée est prêtre à s’abattre sur lui. Et à l’intérieur de chez lui, une autre vague se prépare, plus ravageuse que la mort, plus mortelle que les zombies. Mur.
Seul. Voilà Antoine enfermé dans ses murs. Il doit bouger, continuer d’exister. Rester sur place, c’est mourir. Mais mourir, ce n’est pas le pire, le pire, c’est qu’il ne lui arrive plus rien. Seul.