A supposer deux jeunes adolescents, passant tous les deux un casting pour incarner Harry Potter, futur icône de toute une génération, l’un Daniel Radcliffe, l’autre Martin Hill, l’un dont le nom sonne comme une évidence, l’autre inconnu, dérapant lors du choix final, dérapant juste devant la ligne d’arrivée.
A supposer maintenant, Martin Hill, passé juste devant son rêve d’incarner son héros, lui qui va dès lors devoir endosser le rôle de celui qui n’a pas été choisi, le rôle de celui qui a presque été Harry Potter, Martin Hill, jeune adolescent, va devoir devenir un presque héros.
A supposer ensuite que Martin Hill ne supporte pas cette nouvelle vie, pour lui bien entendu, et tout le monde l’entendra, n’être pas devenu Harry Potter est la chose la plus inadmissible au monde, lui qui avait pourtant tout du héros, lui qui se voyait déjà arpenter les couloirs de Poudlard avec Ron et Hermione.
A supposer aussi le jeune Martin Hill, incapable de rebondir de cet échec, incapable de passer au-dessus de ce non choix, confronté en permanence à Harry Potter, dans les romans puis dans les films, confronté en permanence à la manifestation de son échec : ce n’est pas lui qui incarne Harry Potter.
A supposer alors un jeune adolescent obligé de se construire sur une fondation d’insuccès, de construire sa vie avec le souvenir persistant d’un échec, de doute et d’absence de confiance, un jeune adolescent qui a tout perdu en ayant rien gagné, sauf de voir son rival en tête d’affiche.
A supposer enfin que Martin Hill puisse devenir quelqu’un, car c’est bien la clé de son histoire : il lui faut devenir un individu, pas simplement celui qui a presque été Harry Potter, mais un homme capable d’être, une existence pleine et entière.
Si après avoir supposé il fallait retenir une vie, Martin Hill serait un bon choix. Ce n’est pas simplement une roman sur une vie ratée, c’est une histoire sur la construction de soi, une histoire faite de rebondissements, de rencontres et de rêves. Car Martin Hill évoque tout le monde, de celui qui ne peux pas avancer sans trébucher, à celle qui rêve les yeux ouverts.
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