La salle d’exposition portait bien son nom « Abstraction jubilatoire ». Elle accueillait l’exposition du célèbre artiste plasticien français Simon Delto, connu dans le monde de l’Art pour sa clairvoyance sur notre société contemporaine. Toutes ses œuvres reflétaient l’absence. Lui, enfant orphelin, avait grandi dans la misère jusqu’à l’âge adulte. Ses quelques adoptions furent toutes un échec : il n’était tout simplement pas adapté à la vie en société ; certains pensent d’ailleurs que son abandon lors de ses premières semaines de vie n’était pas le fruit du hasard, mais bien de sa propre volonté (à toutes proportions gardées).
Simon Delto manipulait avec brio tous les arts. Après son enfance loin des vies communes, il entreprit une longue démarche initiatique au travers du globe. Voyageant du Pacifique à l’Atlantique, en passant par les Dardanelles, les steppes mongoles et les toundras russes. Il rencontra les civilisations les plus reculées, des sentinelles aux Mashco-Piro, car peu importe où il se rendait, il avait la faculté de se faire accepter. Peut-être était-ce lié à son nomadisme naturel ? Lui qui n’avait presque jamais connu la fixation, il voltigeait à sa guise sur Terre.
Partout, il apprit les arts, les mêmes formes d’expression qui permettent aux humains de communiquer au-delà des différences. Après quelques années, sa quête initiatique prit une nouvelle dimension : avec toutes les connaissances qu’il accumulait au travers des peuples, il devait fournir aux autres humains les clés de la cohabitation et du vivre ensemble. A son époque, l’humanité était sur le déclin, prête à sombrer dans le chaos généralisé.
Et l’objet de son exposition était le chaînon manquant pour replacer l’humanité dans le droit chemin. Les œuvres de Simon Delto reflétaient le dénominateur commun de tous les peuples, l’élément fédérateur de la cause commune : l’omniprésence de l’absurdité.
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