Je l’ai croisé rue d’Angleterre
Assis en croix, proche de la terre
Ses yeux hagards mais brillants bleus
Comme le ciel au dessus de nos têtes,
Fixaient les miens, je suis honnête.
Ai-je cru qu’il pleurait ? Sans doute,
Ses yeux brillants comme la voûte
De l’espace où tournent les soleils
Éclairant à demi-temps les planètes
Pour les couvrir de sommeil.
Dort-il à cette heure ? Je ne puis
Le savoir, mais assis là-bas,
Le noir ne donne pas la nuit,
Les rêves ne viennent plus quand
Une journée ne permet plus de vivre.
Il était encore rue d’Angleterre
Quand je suis passé hier,
Acculé proche du gouffre
Son jean grisé, ses pleines poches,
Emmitouflé sous un porche.
J’ai encore vu sa tristesse couler
De ses joues ternes et de son nez,
Puis comme vous le savez, une sirène
A glapi, je me suis enfui, ma Reine
Je vous le concède : j’ai failli.
J’aurai dû panser son cœur affaibli
Je le sais ma Reine, faible que je suis
Je n’ai pu contenir son regard
Il était si faible, moi si couard,
Jamais plus je ne pourrais revoir sa vie.