Quand on proclama que la Bibliothèque comprenait tous les livres, la première réaction fut un bonheur extravagant. Tous les hommes se sentirent, maîtres d’un essor intact et secret. Il n’y avait pas de problème personnel ou mondial dont l’éloquente solution n’existât quelque part : dans quelque hexagone. L’univers se trouvait justifié, l’univers avait brusquement conquis les dimensions illimitées de l’espérance.
La Bibliothèque de Babel : Jorge Luis Borges, Fictions, 1944.

Dans les contrées de la fin de la Terre, un bibliothécaire visionnaire décide d’ouvrir dans sa bibliothèque, un espace pour tous les livres « qui cherchent un refuge ». Chaque écrivain en herbe peut y déposer le fruit de son travail. Sur les étagères dès lors, se côtoient des œuvres refusées par des éditeurs, des journaux très intimes, ou encore des ouvrages sur des thèmes parfois très précis (comme « La Masturbation et les Sushis »).
Delphine est éditrice, Frédéric est écrivain. Lors d’un séjour estival dans la commune de Crozon, fief de la famille de Delphine, le couple décide de se rendre dans cette bibliothèque extravagante. Dans ce cabinet de curiosités littéraires, ils vont tomber sur un manuscrit d’un certain Henri Pick, qui sera le début d’une histoire médiatique et littéraire inoubliable..
David Foenkinos nous ouvre les portes de l’univers éditorial. Derrière un succès critique et médiatique, une multitude d’acteurs interviennent, qu’il s’agisse de professionnels du livre, d’animateurs, ou encore de lecteurs qui participent à la diffusion du succès. Derrière un succès également, se cachent toujours des doutes, des incompréhensions. Un ensemble de questions ne cessent de surgir : qui est l’auteur de ce succès ? Pourquoi le récit se diffuse autant ? Qui en sont les responsables ?
Du choix et de la production, à la diffusion d’un ouvrage, le circuit éditorial paraît opaque. L’œuvre d’Henri Pick arrive dans la production comme un objet de culte. Mythifié et encensé, le livre devient le centre névralgique de la scène publique littéraire : tous les médias veulent s’en emparer.
L’environnement médiatique du 21è siècle se serait-il intéressé au phénomène Henri Pick, si un tel livre avait existé ? L’univers décrit par David Foenkinos le prouve bien : tout mystère peut devenir une source d’émerveillement. Chaque texte est un potentiel succès ; de nombreux Henri Pick sommeillent toujours dans des étagères pleines de poussières…
[…] →David Foenkinos, Le mystère Henri Pick […]
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